L’esprit rétrograde
I – Définition :
La Bible contient les psaumes des degrés ou montées (Psaumes 121-134). L’expression « monter à Jérusalem » est une notion qui nous parle de croissance spirituelle et toutes les épîtres écrites dans le Nouveau Testament par les apôtres convergent vers le plan de Dieu consistant à nous indiquer la nécessité de la croissance spirituelle jusqu’à pleine maturité, dans la plénitude du Saint-esprit et dans la similitude avec le caractère de Christ (ce plan n’est pas seulement pour les autres, mais aussi pour toi et moi).
S’il y a croissance, il peut aussi y avoir rétrogradation. Ce mot émane de « retrogradi » = marcher en arrière, changer de sens pour aller en arrière, être en recul, perdre le bénéfice de ce qu’on a acquis antérieurement, qui s’oppose au progrès, qui tend à rétablir le passé.
II – Aspect biblique :
Dans l’Ancien Testament :
# état d’esprit de ceux qui murmuraient et se lamentaient et défiaient l’autorité de Moïse car ils souhaitaient repartir en arrière, en Egypte,
# état d’esprit de ceux qui passaient leur temps à se souvenir des jours glorieux d’autrefois (la gloire dans le temple ancien),
# état rétrograde décadent, insensibilité spirituelle décrite par les prophètes et caractérisant Israël.
Dans le Nouveau Testament :
# état d’esprit des pharisiens, des scribes et des docteurs de la loi, figés dans leur conception de Dieu et la pratique de commandements surtout issus de la Tradition qu’ils s’étaient forgée, et qui regardaient à l’aspect extérieur plus qu’à l’intérieur (tenue vestimentaire, voile, allure…) plutôt qu’au coeur.
Dieu n’a pas changé, il ne regarde toujours pas à ce qui frappe les regards ni à l’apparence, mais au cœur.
III – Manifestation :
C’est l’épître aux hébreux qui explique le mieux le phénomène de la rétrogradation, il avertit les chrétiens d’hier et d’aujourd’hui de ce terrible danger :
Hébreux 3/7-11 : « C’est pourquoi, selon ce que dit le Saint Esprit : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, N’endurcissez pas vos coeurs, comme lors de la révolte, Le jour de la tentation dans le désert, Où vos pères me tentèrent, Pour m’éprouver, et ils virent mes oeuvres Pendant quarante ans. Aussi je fus irrité contre cette génération, et je dis : Ils ont toujours un coeur qui s’égare. Ils n’ont pas connu mes voies. Je jurai donc dans ma colère : Ils n’entreront pas dans mon repos ! ».
Le grand péril imminent : endurcir son cœur. Dieu n’a pas changé : il cherche un cœur humble, un cœur contrit, un esprit bien disposé en vue d’une prompte obéissance. Ces dispositions se manifestent à l’écoute de la Parole de Dieu qui nous concerne, à la manière dont nous réagissons à la prédication et à la méditation personnelle de sa Parole, ainsi qu’à la manifestation des dons spirituels.
Soit nous devenons des auditeurs pressés d’oublier ce qu’ils ont entendu ou lu et ayant peur de se contempler dans le miroir de sa Parole, qui est pourtant « le miroir de la liberté » ou bien nous refusons d’écouter et d’obéir en attribuant aux autres la pensée du message, ce que Jésus traduit par « regarder la poutre qui est dans ton œil et non pas la paille qui est dans l’œil de ton voisin ».
Quoi que nous en pensions, Dieu résiste aux orgueilleux et l’orgueil n’est pas toujours évident à déceler, ce n’est pas la frime avec les lunettes noires mais il est plus souvent bien caché et terré au fond d’une apparence spirituelle, d’une apparence de sagesse, et surtout d’une volonté délibérée de ne pas plier aux paroles de la bouche de Dieu. C’est donc la résistance qu’on oppose année après année à Dieu.
« Voici sur qui je porterai mes regards : sur le pauvre qui a l’esprit abattu, qui tremble à ma parole » (Esaïe 66/2).
Quiconque résiste finit par perdre aussi le contact avec le Père Céleste, d’où l’ordre divin « Selon ce que dit le Saint-Esprit, n’endurcissez pas… »
La parabole du semeur nous enseigne au sujet des différents terrains qui reçoivent la semence régénératrice de la Parole de Dieu qui, non reçue, ne régénère rien du tout :
# il est un terrain où seuls les intérêts personnels, ce que je vais pouvoir tirer comme avantage personnel de la part de Dieu et de l’Eglise seuls comptent, ce qui avantage mes petites affaires, mes petites ambitions, mes intérêts, les choses du monde…
On peut même être autosatisfait, croire détenir la vérité sur tout, avoir sa doctrine mais finalement être en réalité aussi figé qu’un iceberg dans une désobéissance sans cesse croissante. On n’écoute plus personne : ni la Parole, ni le Serviteur de Dieu, ni les anciens, ni personne.
Le bon terrain : celui qui laisse la Parole pénétrer son cœur, qui se remet en question devant le Seigneur et qui obéit ainsi à la voix du Saint-Esprit ;
Si on refuse de vivre dans l’Esprit, de marcher dans l’Esprit, qu’on méprise les dons spirituels, on ne peut guère entendre la voix de l’Esprit pour être conduit par lui. Or, « tous ceux qui sont conduits par l’Esprit sont fils de Dieu » (Romains 8/34).
Jésus, notre modèle, n’a pas dit à Dieu « fais ma volonté », il ne s’est pas lui-même placé sur le Trône pour être servi et adoré mais il s’est humilié et a accepté la croix, mourant aussi en quelque sorte à lui-même : « Alors j’ai dit : Voici, je viens (Dans le rouleau du livre il est question de moi) Pour faire, ô Dieu, ta volonté. » (Hébreux 10/7). Cette détermination de sa part culmine à Gethsémané quand se profile la croix « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (Luc 22/42) et il a pu être élevé en dignité et il est aujourd’hui à la droite du Père, au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement.
Hébreux 3/12 « Prenez garde, frère, que quelqu’un de vous n’ait un coeur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant. » Quand le cœur rétrograde et s’éloigne de la volonté de Dieu, il a vite fait de reprendre son naturel : méchant, orgueilleux, tortueux, incrédule, mauvais et on commence à se tromper soi-même.
La foi, la confiance en Dieu sont le moteur de la vitalité spirituelle. La carence dans ce domaine entraîne l’âme au désert, dans la stérilité et la sécheresse, l’aridité. Or, on peut coûte que coûte décider enfin de croire, c’est un acte de volonté. C’est décider d’avoir soif de Dieu et de se laisser renouveler en permanence au Torrent pendant la marche, c’est ensuite se laisser habiter par la passion pour Christ, son église (locale), les âmes…
Hébreux 3/13 « Mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu’on peut dire : Aujourd’hui ! afin qu’aucun de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché. » S’exhorter mutuellement ! La vie de foi n’est pas empreinte d’inactivité mais est fertile pour le service de Dieu et des autres.
Hébreux 3/16-19 « Qui furent, en effet, ceux qui se révoltèrent après l’avoir entendue, sinon tous ceux qui étaient sortis d’Égypte sous la conduite de Moïse ? Et contre qui Dieu fut-il irrité pendant quarante ans, sinon contre ceux qui péchaient, et dont les cadavres tombèrent dans le désert ? Et à qui jura-t-il qu’ils n’entreraient pas dans son repos, sinon à ceux qui avaient désobéi ? Aussi voyons-nous qu’ils ne purent y entrer à cause de leur incrédulité. » Le cœur mauvais et incrédule, le cœur rétrograde se retrouve vite dans le désert et peut y trouver la mort. C’est une lente mais parfois rapide dégringolade.
Hébreux 4/1-3 « Craignons donc, tandis que la promesse d’entrer dans son repos subsiste encore, qu’aucun de vous ne paraisse être venu trop tard. Car cette bonne nouvelle nous a été annoncée aussi bien qu’à eux ; mais la parole qui leur fut annoncée ne leur servit de rien, parce qu’elle ne trouva pas de la foi chez ceux qui l’entendirent. Pour nous qui avons cru, nous entrons dans le repos, selon qu’il dit : Je jurai dans ma colère : Ils n’entreront pas dans mon repos ! Il dit cela, quoique ses oeuvres eussent été achevées depuis la création du monde. » Le repos nous parle de la conquête du pays, victoire sur les ennemis, la vie dans la plénitude acquise en Christ, prise de possession des bénédictions dont nous sommes cohéritiers de Christ, de notre position en Christ, c’est expérimenter l’amour, la paix, la joie par la puissance du Saint-Esprit.
Pour nous qui avons cru, nous entrons… C’est un acte volontaire dont la foi comme moteur est la clé. Beaucoup par désobéissance n’entrent pas.
IV – Processus de la rétrogradation
On est séduit par le péché, l’amour de soi, l’orgueil, l’autosatisfaction
On Se séduit soi-même, on s’endurcit et on finit même par tordre les Ecritures à notre avantage ou détournant la puissance de la Parole vers les autres
On est livré à la séduction. On se retrouve dans un triste état : amertume, envie, jalousie envers ceux qui prospèrent spirituellement, on a ensuite des oreilles pour entendre et on n’entend point et des yeux pour voir mais on ne voit point.
A l’extrême, sans les ressources de Dieu, comme Saül, on se tourne vers l’occultisme et on meurt spirituellement.
Fais ton choix ! Il est terrible de tomber dans les mains du Dieu vivant ! On ne se moque pas de Dieu car ce que l’on sème, on le récolte.
V -Le remède pour la restauration
Choisis la vie ou la mort ! « L’âme qui pèche est celle qui mourra ! » (Ezéchiel 18/4).
Hébreux 4/11-12 « Efforçons-nous donc d’entrer dans ce repos, afin que personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance. Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu’à partager âme et esprit, jointures et moelles ; elle juge les sentiments et les pensées du coeur. » « Empressons-nous » Tout est dans l’acceptation ou le refus, il n’y a pas de milieu.
L’action de la Parole de Dieu est décisive car c’est elle qui stimule la volonté, en indiquant clairement le Plan de Dieu et la voie à suivre. Esaïe 30/21 « Tes oreilles entendront derrière toi la voix qui dira : Voici le chemin, marchez-y ! Car vous iriez à droite, ou vous iriez à gauche. »
Conclusion : Telles sont les promesses de Dieu :
Esaïe 44/1-2 : « Écoute maintenant, ô Jacob, mon serviteur ! O Israël, que j’ai choisi ! Ainsi parle l’Éternel, qui t’a fait, Et qui t’a formé dès ta naissance, Celui qui est ton soutien : Ne crains rien, mon serviteur Jacob, Mon Israël, que j’ai choisi. »
Si nous sommes dans un état d’esprit rétrograde ou que nos pieds sont sur le point de glisser vers cet état, ne soyons pas superficiels et ne prenons pas notre état à la légère sous le regard de Dieu mais repentons-nous sincèrement, réveillons-nous de ce sommeil mortel, sortons des filets du grand hypnotiseur, décidons d’obéir et nous mangerons des productions du pays, acceptons l’œuvre correctrice de la Parole divine, l’œuvre du Saint-Esprit dans notre cœur, abandonnons notre vie entre ses mains, lâchons nos raisonnements, nos conceptions religieuses vaines, notre mentalité figée dans un temps passé et laissons l’Esprit de Vie nous irriguer dans le Fleuve de Vie qui découle du Trône de Dieu. Ce Fleuve est un avant-goût du Ciel et il est réservé à tous ceux qui croient et décident comme Caleb et Josué d’entrer dans le pays promis. Reçois sans attendre, prends cette vie, crie à Dieu ta détresse et ta nuit noire sans joie ni repos, dans le tourment de l’incrédulité. « Il envoya sa parole et ils furent délivrés de leurs angoisses » (Psaumes 107/20).