Les silences de Dieu

Un homme célèbre a dit « la plus grande épreuve de la vie chrétienne est de vivre avec les silences de Dieu ».
Cette expérience représente un paradoxe avec Matthieu 28/20 quand Jésus dit « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »

Le film Apocalypse Now (F.Ford Coppola) fait dire à un soldat en train de déambuler parmi les cadavres de ses frères d’armes jonchant le sol d’une terre étrangère : « qui est responsable ici ? » C’est une question pathétique et ridicule mais elle trouve son écho dans la plupart des réactions humaines : on cherche un responsable pour la guerre au Liban, en Somalie, au Soudan, pour la souffrance de l’humanité, les Tsunamis, les accidents, la maladie…

Beaucoup secouent le poing vers un ciel qui leur paraît vide et disent « qui est responsable ici ? » « qui a laissé faire cela ? » Même des chrétiens peuvent être amenés à parler ainsi.
La 1ère chose que l’on peut dire est que ce silence de Dieu s’apparente à ce qui s’est passé sur le chemin de la croix (Matthieu 27/46 « Depuis la sixième heure jusqu’à la neuvième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre. Et vers la neuvième heure, Jésus cria : Eli, Eli, lama sabachtani ? C’est-à-dire mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

La vie nous apporte des petites crucifixions, des temps où les prières semblent nous revenir comme un boomerang, où on ne sent pas bien, sans assurance, sans le sentiment de la présence de Dieu.

« La rareté de la Parole de Dieu est un grand et terrible drame », disait l’écrivain Tennessee Williams, fils d’un pasteur (il voulait dire pour une nation, pour un individu). On le constate assez facilement.

Parenthèse : ce n’est pas parce que Dieu parle plus qu’il est écouté plus : Le prophète Jérémie a été envoyé par Dieu pour avertir et personne ne l’a écouté. Que dire de Noé, appelé prédicateur de justice et qui a averti ses contemporains en vain ? « {{ {S’il n’a pas épargné l’ancien monde, mais s’il a sauvé Noé, lui huitième, ce prédicateur de la justice, lorsqu’il fit venir le déluge sur un monde d’impies} }} » (2Pierre 2/5).

L’Ecriture nous encourage pourtant au travers des exemples de ceux qui sont passés par la vallée de l’ombre de la mort.

Job 23/8-9 : « Mais si je vais à l’est, il n’y est pas ; à l’ouest, je ne le discerne pas ; s’affaire t-il au nord, je ne le vois pas ; se cache t-il au sud, je ne l’aperçois pas. »

Psaumes 69/3 : « Je n’en peux plus d’appeler au secours, j’en ai la gorge brûlante. Mon regard se fatigue à t’attendre, mon Dieu »

« Tu es vraiment un Dieu caché ! » Esaïe 45 :15

Ces personnages bibliques ont vécu des silences de Dieu au sein des épreuves qu’ils ont connues.

Un des plus grands défis pour un pasteur, un ancien mais aussi un chrétien est de devoir répondre à des personnes qui vivent cette absence de Dieu et cela sans être moralisateur et avoir des réponses toutes prêtes, tout en demeurant sincère.
Nous sommes là en plein cœur de la croix, dans les profondeurs de la passion de Christ que nous, disciples, sommes appelées à connaître.
C’est ce qui distingue les géants de la foi et les bébés spirituels et c’est un facteur d’arrivée à maturité. C’est aussi quelque chose qu’il faut comprendre et réaliser avec l’assistance de l’Esprit de Dieu.

Lecture dans Marc 7/24-30 :

« Jésus, étant parti de là, s’en alla dans le territoire de Tyr et de Sidon. Il entra dans une maison, désirant que personne ne le sût ; mais il ne put rester caché. Car une femme, dont la fille était possédée d’un esprit impur, entendit parler de lui, et vint se jeter à ses pieds. Cette femme était grecque, syro-phénicienne d’origine. Elle le pria de chasser le démon hors de sa fille. Jésus lui dit : Laisse d’abord les enfants se rassasier ; car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens. Oui, Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants. Alors il lui dit : à cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille. Et, quand elle rentra dans sa maison, elle trouva l’enfant couchée sur le lit, le démon étant sorti. »

Jésus s’est délibérément caché, s’est rendu inaccessible. Cela constitue un paradoxe.
La femme syrophénicienne est alors venue de façon importune déranger le silence de Dieu, de façon étonnante et s’est vu réprimandée par le Seigneur (“{{ {je ne jetterai pas dehors celui qui vient à moi} }}” dit pourtant Jésus en Jean 6/37).
Pourtant, comment se fait-il qu’en brisant le silence de Dieu, elle ait obtenu ce qu’elle voulait si fort ?

Le silence de Dieu semble selon le texte trouver son origine en 3 choses :

1) Cette femme avait une responsabilité spirituelle.

L’ordre d’un foyer est important dans l’Ecriture (Dieu, Chef de l’homme, l’homme, chef de la femme et la femme, ici, vu l’absence apparente d’un mari, se trouve responsable de son enfant. Or, sa fille avait un esprit impur et cette femme en était responsable.
A noter que “chef” a le sens de “tête”, dans le sens de la responsabilité à assumer dans le foyer.

2) La tiédeur, la désobéissance, l’entêtement, la dureté de cœur sont des invitations à Satan dans nos vies. Dans un cas comme celui-là, la solution au « silence de Dieu » est de notre côté.

3) Elle était captive de sa peine, de son malheur

Les problèmes émotionnels nous bouchent la vue de la réalité et du sens des choses qui nous arrivent. On est trop submergé par les émotions et c’est l’arbre qui cache la forêt.
On peut être captif de son problème, malheur, être marié avec, manger avec, penser avec.
Les sentiments qui nous submergent nous voilent la présence du Seigneur.
Nous avons alors besoin de perspective, d’un meilleur angle de vision afin de distinguer nos difficultés dans le contexte de la vie que Dieu nous a donnée.
Si nous sommes dans ce cas de figure, nous réaliserons que nous étions alors avec notre problème comme quelqu’un à qui on parle et qui n’entend pas comme les personnes collées à l’écran de télévision avec de la glue.

4 ) Cette femme était une étrangère

Etant une païenne, elle était extérieure à la Communauté d’Israël, mais aussi adoratrice d’idoles proscrites par la loi que Jésus venait accomplir.
Quand Jésus lui dit « laisse d’abord les enfants se nourrir », il parle d’Israël, véritables héritiers des promesses.
Nous sommes tous au départ des étrangers, non seulement à cause de notre arrière-plan païen mais aussi parce que c’est par la grâce par laquelle nous sommes sauvés, étant pécheurs et idolâtres et sans prétention à la miséricorde de Dieu.
Cela doit incliner à l’humilité. La femme a reconnu cela mais a revendiqué le droit de se saisir des miettes de la bénédiction d’Israël (nous avons reçu plus que des miettes ! Souviens-toi d’où tu es tombé !).

3 causes donc nous sont donc suggérées au silence de Dieu dans ce texte :

  • un accès peut être laissé à Satan (remède : la repentance et la prière)
  • une attitude obsessive envers les problèmes (remède : prendre nos distances et connaître le calme et le repos)
  • un temps de sécheresse dans notre expérience spirituelle (remède : la persévérance dans la foi).

Il nous revient chacun pour notre part d’explorer ces 3 éléments. Le silence de Dieu dans un temps de sécheresse ne peut pas toujours être expliqué ; il y a aussi une part mystère et nous comprendrons plus de choses dans le monde à venir.

Important : avoir la bonne attitude face au silence de Dieu. La femme aurait pu facilement prendre le reproche de Jésus comme un repoussoir et rentrer chez elle. Elle ne l’a pas fait et la suite montre que, dans son silence, Dieu n’est pas contre nous mais pour nous. « Pas de nouvelles, bonnes nouvelles », dit le dicton.

A la fin de notre expérience, on se rend compte que Dieu est fier de la fidélité et de l’obéissance de ses enfants lorsque ce fut leur expérience, un peu à la manière d’un père qui donne quelque chose à faire à son enfant et est heureux de le voir réussir ce travail comme il le doit et qui signifiait une marque de confiance.
On le voit notamment dans le cas de Job, qui, malgré l’adversité, demeura fidèle et intègre et bien qu’ayant tout perdu, refusa de renier Dieu.

Il est important de demeurer dans une attitude humble (se prosterner) : la femme est tombée sur ses genoux.
Jacques 4/6 « Dieu résiste aux orgueilleux et il fait grâce aux humbles »
2Chroniques 7/14 « si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie, et cherche ma face, et s’il se détourne de ses mauvaises voies, je l’exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays. »

L’équilibre est une foi confiante en l’amour de Dieu, liée à une attitude humble d’adoration devant lui nous sortira de la confusion et produira la clarté avec un ciel prêt à recevoir nos requêtes
Jésus a approuvé l’attitude de la femme « à cause de cette réponse, tu peux retourner chez toi, l’esprit mauvais est sorti de ta fille »

La réponse de Jésus lui a communiqué 3 choses :

  1. Sa fille est délivrée.
  2.  La parole de Jésus lui donnait l’assurance qu’elle était à nouveau en phase avec la tonalité de Dieu.
  3. Elle a reçu la paix de l’esprit.

Jean 16/33 « Je vous ai parlé ainsi pour que vous ayez la paix en moi »
Colossiens 3/15 « Que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés en un seul corps, règne dans votre cœur. »

Moralité : le silence de Dieu a poussé la femme à un point de détresse tel qu’elle fut capable de briser le silence de Dieu et de recevoir de lui une réponse et la paix.
Tout est possible pour nous ! Persévérons ! Ayons du courage dans la foi !