Les fondements de l’Eglise

Introduction

Je veux identifier ce que Jésus est venu édifier dans le monde. Il a utilisé un terme qui était bien connu chez les Grecs. C’est le mot “ecclesia”, qui signifiait “appelés à part”. Ce terme identifiait un groupe de citoyens grecs qui se réunissait pour discuter des affaires de l’Etat. Quand ces individus se réunissaient, pour un temps, ils formaient un corps différent du reste de la population. Tandis qu’ils s’occupaient de leurs affaires, ils étaient une “ecclesia”. En Matthieu 16/18, le mot qui se traduit normalement par “assemblée” se traduit “église”. Cela souligne que l’Eglise que Jésus est venu édifier est différente de toute autre organisation. C’est un corps. Ici, le mot corps est approprié ; le corps peut faire allusion à tout groupe de personnes qui se réunit avec un même but, en se différenciant du reste du monde par le style de vie de ses membres, ses points de vue, ses motivations et ce qui est le plus important, par sa relation avec Dieu.

1. Sur le Roc (Matthieu 16/13-20)

«  Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’homme ? Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, Jérémie, ou l’un des prophètes. Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Jésus, reprenant la parole, lui dit : Tu es heureux, Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. Alors il recommanda aux disciples de ne dire à personne qu’il était le Christ.  »

A. Erreurs de l’être humain

Jésus révélait des vérités spirituelles à ses disciples à mesure que ceux-ci pouvaient les saisir. Jusqu’à ce moment, il n’avait rien dit à propos du fait qu’il allait bâtir son Eglise. Ils n’étaient pas encore aptes à comprendre une telle déclaration.

Pourquoi Jésus a-t-il demandé à ses disciples ce que les gens disaient de Lui ?

Jésus le savait évidemment mais Il voulait qu’ils le lui disent. Il était vital qu’ils sachent que Jésus était le fondement de l’Eglise, afin de ne pas le mettre dans une catégorie avec les autres, ni même avec le plus grand de tous les prophètes. Par conséquent, Il leur posa une seconde question. Ce que le peuple avait à dire de Lui importait en fait peu à Jésus. C’est plutôt ce que ses disciples croyaient à son sujet qui l’intéressait davantage.

Aucun des individus cités par les disciples ne suggérait que Jésus puisse être le Messie. Il ne cadrait pas avec la conception qu’ils avaient concernant comment devait être le Messie. Ils attendaient à un roi guerrier qui vaincrait l’empire romain. Ils ne pouvaient pas imaginer Jésus à la tête d’un soulèvement militaire et, cependant, ils ont senti une qualité spirituelle dans Ses enseignements. L’unique réponse qui leur est venue fut : “Ce doit être un prophète”.

Dans un sens, cela était un compliment car les Juifs tenaient Elie, Jérémie et ses collègues prophètes en haute estime.

B. Révélation divine

Pierre était toujours celui qui parlait pour le groupe. Il semble qu’ils aient discuté de cette question entre eux et que Pierre ait exprimé le sentiment de tous. Cependant, à cause de la bénédiction que Jésus a prononcé sur Pierre, il semble qu’il fut le premier à saisir la vérité de la divinité de Jésus.

Qu’a voulu dire Jésus par l’expression “ni la chair ni le sang” ?

Jésus a utilisé cette expression pour faire référence à la compréhension et au raisonnement humain. Il a voulu dire que Pierre n’avait pas appris cette vérité d’un homme. C’était la sorte de révélation qui ne pouvait venir que de l’Esprit-Saint de Dieu.

Il est dommage que certains aient compris que Jésus bâtirait Son Eglise sur Pierre : notre Seigneur a utilisé les deux mots grecs qui se traduisent “Pierre” et “roc”. Le “roc” sur lequel Jésus a dit qu’Il construirait son Eglise est “petra”, qui veut dire une grande masse de pierres. Le mot traduit par “Pierre” est “petros”, qui signifie une petite pierre, un caillou. Pierre deviendrait sûrement une des pierres vivantes qui constituerait une partie de l’Eglise. Aucun être humain ne pourrait être sa fondation. Mais le roc sur lequel l’Eglise est édifiée est la vérité que Pierre a confessée. Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. Ce roc est inébranlable et inamovible.
Rien ne représente plus la force de Satan que la mort. Il s’agit de notre plus grand ennemi et cela du fait que le péché est entré dans le monde. Cependant, Christ a promis que pas même les puissances spirituelles représentées par les régions de la mort (“le Hades”, Enfer) ne prévaudrait contre son Eglise.

Dans les Ecritures, une clé représente l’autorité. Elle ouvre des portes qui sont fermées à ceux qui la détiennent. A ce moment-là, Jésus savait ce que Pierre ne comprenait pas, que l’Eglise serait un corps composé tant de gentils que de Juifs. Christ donnerait le privilège d’ouvrir les portes du Royaume aux Juifs premièrement (Actes 2/14-42). Peu après, Pierre ouvrirait les portes aux gentils. Il prêcherait l’évangile à ceux qui se trouvaient hors de l’alliance de Dieu (Actes 10).

Le fait de lier et de délier auquel Jésus a fait allusion en Matthieu 16/19 s’est plus tard étendu au reste des Douze (Matthieu 18/18). Cela représentait la discipline dont seraient chargés les conducteurs de l’Eglise. Dans leur ministère de discipline, ils seraient sous l’autorité de Jésus. Le jugement de Dieu sur Ananias et Saphira en est un exemple (Actes 5/1-10). Pierre a annoncé en ce temps-là la sentence que le Ciel avait décrétée pour ces individus coupables.

Par ailleurs, Pierre a pu annoncer à la maison de Corneille qu’ils avaient été libérés de leurs péchés parce qu’ils avaient été pardonnés dans le Ciel après avoir reçu Christ comme Seigneur et Sauveur (Actes 10/44-47).

Pourquoi Jésus a-t-il dit à ses disciples de ne dire à personne qu’Il était le Messie ?

Puisque le peuple attendait un Messie qui établirait un royaume terrestre en ce temps-là, il est possible que de telles nouvelles les auraient incités à une révolution parmi les Juifs. Cela devait être évité.

II. Investis de puissance (Luc 24/49 ; Actes 1/8)

«  Et voici, j’enverrai sur vous ce que mon Père a promis ; mais vous, restez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en haut.  »

«  Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.  »

A. La Promesse du Père

Jésus a dit les paroles de ce verset après avoir dit à ses disciples que le message de la rédemption devait être prêché à Jérusalem et jusqu’aux extrémités de la terre. L’urgence de cette annonce rend encore plus transcendant son commandement “mais vous, restez dans la ville…”. Quelque chose de si important que cela requérait un arrêt de leur part quant à la mission ne pouvait être pris à la légère.

A quelle promesse de “mon Père” Jésus fait-il allusion ?

Les Ecritures sont pleines des promesses du Père, mais celle-ci se référait à l’effusion de l’Esprit-Saint. Le texte de l’Ancien Testament que Jésus identifiait de cette manière semble être Joël 2/28-32 ; Comme beaucoup d’autres promesses, celle-ci pouvait être comprise seulement après son accomplissement, qui a commencé le Jour de la Pentecôte et qui se poursuit depuis lors.

Pourquoi a-t-il été nécessaire que les disciples restent dans la ville ?

Jésus savait que l’Esprit-Saint serait répandu le Jour de la Pentecôte. Le commandement de ce que les disciples doivent rester à Jérusalem ne consistait pas à persuader le Père d’accomplir Sa Promesse. Cela avait toujours été son plan de commencer la nouvelle dispensation le jour où les Juifs célébraient la “Fête des Semaines” appelée Pentecôte dans le Nouveau Testament. Cela aurait lieu 10 jours après l’ascension de Jésus, d’où la nécessité de “rester” et d’attendre.

Le mot grec traduit “survenant, vous investissant” signifie recouvrir d’un vêtement. Jésus “investirait” ses disciples avec puissance afin de leur permettre de porter l’évangile par tout le monde malgré la grande opposition qu’ils auraient à affronter. Parfois, ils supporteraient beaucoup de souffrances comme prisonniers et même la mort les menacerait. Mais la puissance avec laquelle ils seraient “investis” les rendrait plus que vainqueurs face aux conflits les plus terribles.

Il n’y avait pas de doute quant à la source de cette puissance. Elle viendrait “d’En haut”. Elle n’aurait pas son origine sur terre. Aucun être humain ne pourrait la produire ou la copier. L’expression grecque traduite “d’En haut” se trouve dans d’autres passages qui font allusion à la sphère céleste (voyez Luc 1/78). La visitation que les disciples ont expérimenté dans la Chambre Haute est aussi venue “d’En haut” : du Ciel.

B. Puissance pour témoigner

Les disciples étaient des juifs pieux. Ils ont associé ce que disait Jésus avec la restauration du royaume d’Israël. Toutefois, Jésus leur a dit que c’était quelque chose qu’ils devaient laisser entre les mains du Père. La présente mission d’évangéliser le monde était ce qui seul devait les préoccuper.

Le mot grec “dunamis”, qui se traduit par “puissance” dans ce verset était bien connu des disciples. Il est souvent utilisé dans le Nouveau testament et décrit de puissantes œuvres que seul Dieu peut faire. “Dunamis” est à l’origine de notre mot “dynamite”. C’est pour cela que les disciples savaient que Jésus ne parlait pas d’une habileté ou d’un pouvoir ordinaire.

III. Fortifiés par la communion : Actes 2/42,44-47

L’expression “vous serez mes témoins” montre clairement que Jésus lui-même était le message que les disciples devaient apporter partout. Ils ne devaient pas donner l’idée qu’ils étaient seulement en train d’établir une nouvelle religion parmi d’autres. Le message dont ils étaient porteurs était basé sur une seule Personne. Jésus a déclaré qu’Il est le seul Sauveur, “le chemin, la vérité et la vie ; personne ne vient au Père que par moi “(Jean 14/6).

Jérusalem fut le point de départ pour la grande tâche d’évangéliser le monde. Le message serait proclamé jusqu’aux confins de la terre, depuis cette ville de Judée. Cependant, les messagers ne devaient pas s’arrêter là, car les samaritains qui étaient au nord avaient aussi besoin du message de l’évangile et ils devaient entendre la bonne nouvelle concernant Jésus. Ils ne devaient cesser vraiment de porter le message de l’évangile, quel que soit l’endroit. Le cercle devait aller en s’agrandissant, car tous les hommes sont pécheurs et ne peuvent être sauvés que par le moyen de jésus-Christ. Pour une tâche aussi immense, Jésus a promis un flux continuel de sa puissance “d’En haut” sur la vie de ces témoins depuis lors jusqu’à aujourd’hui, à travers l’histoire de l’Eglise. Cette puissance qui vient de Lui permet aux disciples de Christ de continuer à publier l’incomparable message dans le monde entier.

«  Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. La crainte s’emparait de chacun, et il se faisait beaucoup de prodiges et de miracles par les apôtres. Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés.  »

A. Priorités importantes

Le Jour de la Pentecôte a eu un grand impact sur la vie des disciples de Jésus mais cela ne fut que le début. Les résultats permanents de l’effusion de l’esprit se voient dans ce qui est arrivé quotidiennement dans l’Eglise.
Il est significatif que la “doctrine” des apôtres soit mentionnée dans la liste des priorités de l’Eglise. Certains aujourd’hui ne mettent pas l’accent autant sur la doctrine mais la Bible lui confère l’importance nécessaire. La doctrine des apôtres consistaient principalement à enseigner au sujet de la mort, de la résurrection et de l’ascension de Jésus. Les apôtres enseignaient aussi ce qu’ils avaient appris de Jésus durant son ministère terrestre.

Qu’est-ce qui indique qu’ils ont continué à être ensemble ?

Non seulement ils se réunissaient les uns avec les autres, mais ils soutenaient aussi leurs compagnons croyants dans la prière et même en pourvoyant à leurs besoins matériels. Personne ne se sentait isolé ou seul ; il faisait partie du groupe.

B. Unis dans l’amour

Le fait qu’ils mettaient toutes choses en commun selon les versets 44 et 45 était temporel. Il n’existe aucun recueil plus tard dans l’histoire de l’Eglise faisant mention de la continuité de cette pratique. Sans doute cette expression d’amour était nécessaire en ce temps-là car il y avait beaucoup de croyants d’autres pays qui n’avaient pas d’argent et qui se trouvaient alors à Jérusalem. Cependant, le fait de partager ce qu’ils avaient démontrait l’esprit généreux qui caractérisait ces premiers chrétiens.

Pourquoi les chrétiens ont-ils continué de se rendre au temple ?

Ils n’avaient pas de lieu à eux où se réunir. Beaucoup de leurs réunions se faisaient dans les maisons, comme l’indique ce texte. Toutefois, ils étaient consacrés à leur nation et ne voyaient aucune raison pour laquelle s’absenter du temple. Evidemment, à ce moment-là, il n’existait pas de ressentiment contre eux de la part des juifs. Aller au temple a pu présenter des opportunités de rendre témoignage aux autres.

L’unité que l’Esprit a produite chez ces croyants se remarque dans l’expression “d’un commun accord”. Les mêmes mots sont utilisés pour faire allusion aux 120 lorsqu’ils se tinrent pour la première fois dan la Chambre Haute (Actes 1/14) et quand l’Esprit-Saint fut répandu (Actes 2 :1).

La “fraction du pain” décrit parfois des repas ordinaires, mais la majorité des érudits croit que cela fait aussi allusion à la prise de la Sainte Cène. A cette époque, cela faisait partie d’un repas courant plus que d’un service séparé comme nous l’avons aujourd’hui.

Pendant un temps, ils ont été acceptés par le reste du peuple. Cela allait changer plus tard, mais alors un temps de paix a donné l’opportunité à l’Eglise de croître et de s’établir. L’activité des chrétiens est caractérisée ainsi : “Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui devaient être sauvés.”

Conclusion

Le récit de l’Eglise Primitive dans le Nouveau Testament est important en ce qu’il montre la condition de l’Eglise quand elle était encore proche du Jour de la Pentecôte. L’Eglise n’était pas parfaite, mais elle avait des caractéristiques qui sont un exemple pour les chrétiens de tous les siècles. Un tel exemple est valable seulement dans la mesure om nous l’appliquons à l’église locale et à nous-mêmes.

Nous ne devons pas nous inquiéter de la basse opinion que beaucoup aujourd’hui ont de l’Eglise. Jésus nous a appelés hors du siècle présent pour être un corps particulier de croyants. Il nous a demandé d’être saints, de nous séparer du système vil de ce monde. Quand nous voyons les attaques contre l’Eglise, nous devons nous souvenir du fondement ferme sur lequel elle est construite et ne pas craindre qu’elle soit détruite. Bien que nous devions utiliser nos talents là où il y a besoin, il nous faut reconnaître que l’Eglise va de l’avant seulement quand elle est impulsée par la puissance de l’Esprit. L’énergie de l’homme sans l’onction de l’Esprit n’atteindra rien de façon durable.
Si nous nous sentons tentés ou si nous oublions la communion avec les autres chrétiens, nous devons nous souvenir que nous ne pouvons être tout ce que Dieu veut et demeurer isolés. Nous sommes une partie d’un Corps, nous ne sommes pas des solitaires pour faire ce qui nous plaît.